Erik "Erichtonius" Eliadentro.

L’obscurité du ciel donna l’impression que la pleine lune reluisait plus qu’il n’en fallait. Sa pâleur éclairait les rues endormies de la capitale grecque, Athènes. Quelque part dans le ciel, un petit hibou parcourait le ciel à la recherche d’aventure et d’exaltation. Il finit par atterrir sur une branche d’un olivier, ses énormes yeux ronds & jaunes jonglèrent dans tous les sens, au même titre que son petit cou.
  Curieux, il battit des ailes et reprit son envol sans prévenir, son attention s’était posée loin, très loin d’ici. La silhouette de la petite créature arriva au niveau d’un site historique, son corps slalomait entre les piliers antiques. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il s’aventurait dans le Parthénon. Il sentit une étrange attraction à ce lieu, presque mystique, comme si une présence des plus grandes y siégeait.
   Il finit par atterrir au cœur du Parthénon, hululant face à la splendeur de la statue qui défia les âges. Toutefois, ce n’était pas pour cela qu’il était là : au pied de la statue, brillait une toison grisâtre. Le petit hibou s’approcha en sautillant, curieux chaque fois qu’il s’en approchait. Il bondit sur la toison, approchant sa petite tête aux yeux disproportionnés de ce qui semblait être une minuscule tête.
    Un enfant, semblait dormir bien au chaud, à l’abri du froid. Il finit par ouvrir lentement les yeux, agitant les bras maladroitement. Ses iris argentées dégageaient une étrange sensation ; sensation qui fut agréable pour le hibou, qui commença à sautiller de droite à gauche, amusant le petit homme, qui émettait quelques cris, amusé.
    L’arrivée d’une silhouette toutefois, obligea le hibou à tourner la tête dans sa direction. Le petit être aperçut un grand homme, le visage marqué par les rides, une longue chevelure grisée arrivait à la longueur de ses épaules. Plus il approchait, plus le reflet de ses lunettes rendait impossible de discerner son regard. Il finit par ployer le genou, était-ce en guise de respect à la statue de la déité, pour soulever le bébé, ou un mélange des deux ? En tout cas, après avoir baissé la tête et récité une prière en grec, il se releva, tenant l’enfant enroulé dans la toison entre ses mains. Il lui sourit faiblement, avant de lui souffler à l’oreille : « Cette fois-ci, je me chargerai de ton éducation. Il te faudra un prénom, toutefois. »
   Il analysa les structures du parthénon, ferma les yeux en ces lieux sacrés, avant d’entreprendre cette décision : « Erichtonius. Erichtonius, Eliadentro ».

Le ciel et la mer se joignaient à l’horizon, tandis que l’aube argentée laissa se diffuser en elle, quelques rayons du soleil. Aucune vague n’était visible, la surface de l’eau de mer étant aussi plate qu’un tapis. Deux silhouettes, se tenaient sur la plage, face à face. Un jeune garçon une épée et un bouclier entre ses mains, tandis que le grand homme n’était armé que d’un glaive.
Le jeune homme bondit sur son mentor, assénant un coup vertical en direction de son front. Un simple mouvement du poignet, laissa le glaive couper la trajectoire de l’épée, la déviant sur le côté. Le jeune homme profita de sa taille pour plonger lors de la déviation, prenant de l’élan pour envoyer un coup de bouclier en plein buste. Le grand homme à lunette sourit, reculant de quelques pas seulement.
Les coups résonnèrent trois heures d’affilée sur une plage sauvage de Mykonos. Le Soleil battait son plein, et le jeune homme était affalé sur son dos, en étoile, soufflant. Son teint hâlé laissa perler sur sa peau les gouttes de sueur après un exercice aussi intensif. Il défit le nœud de sa queue de cheval, laissant sa chevelure dorée rejoindre son cou.
Le grand homme quant à lui, resta assis à contempler la mer, se délectant de son morceau de pain et de son assiette d’huile d’olive.

- « Nous reprendrons d’ici une petite heure. Tu ferais mieux de bien manger, Erik.
- Je sais, rétorqua Erichtonius, quand est-ce que j’aurais le droit de rejoindre la Colonie ?
- Te sens-tu prêt à la rejoindre, Erik ? Il pencha la tête vers le jeune homme, souriant
- Non. Il me reste beaucoup de choses à apprendre, et à découvrir. Si je rejoins leurs rangs, c’est pour être le meilleur. Les quêtes seront difficiles et rudes.
- Alors tu resteras sous ma tutelle jusqu’à ce que tu changes d’avis. »


Le froid mordant à Moscou obligea les touristes à passer la suite de leur séjour au sein de l’hôtel, à l’abri des températures démentielles. Toutefois, rien de perturbant en ce qui concerne le quotidien des moscovites. « Un Lundi », se murmuraient-ils sous leur chapka, un énorme sourire aux lèvres.
L’une des ruelles isolées de la capitale, connut néanmoins une agitation sans précédente. Toute personne qui y pénétrait n’en ressortait plus. Une porte métallique, se tenant à l’opposée de la ruelle, invita les âmes égarées comme chanterait une sirène en mer. Lorsqu’on y entra, une atmosphère unique en son genre marqua les lieux.
Les cris des hommes et l’impact des coups résonna de tout coin. Les hommes et femmes qui s’y trouvaient, fumaient, buvaient, et effectuaient d’autres activités illicites comme bon leur semblait. Au centre de l’attention ? Un spectacle sans précédent : Une cage où, s’affrontaient deux hommes. L’un, toutefois, n’avait rien de naturellement « Humain ». Difforme et grand de taille, le Goliath moscovite faisait face à un jeune homme à la peau olive, la chevelure rassemblée par une queue de cheval. Torse nu, Erik avait changé depuis le temps. Le jeune homme de dix-neuf avant avait un remarquable physique, orné de nombreux tatouages à peu près partout sur le haut du corps. Le tatouage le plus notable, fut l’énorme tête de Médusa qui recouvrait son dos. Belle et à la fois terrifiante, deux proverbes latins encerclaient verticalement, au niveau des épaules-arrières, et sur la partie lombaire, respectivement : « Fortis Fortuna Adiuvat », « Mors Mihi Lucrum ».
Erichtonius saignait de la narine, son regard couleur argent postiché sur son adversaire qui le dépassait de deux têtes. Il cracha un mollard sur le côté, avant de marcher fièrement jusqu’à lui. L’Altération du mystique de la part d’Hécate, faisait que seuls lui, et Alexios, assis à l’étage, pouvaient reconnaître la nature de nombreux phénomènes qui affluaient dans ce gigantesque espace. La consommation de lotus par certains, leur avaient fait perdre toute notion de temps, tandis que des Hécatonchires se chargeaient d’amasser les paris. Le Géant moscovite en face de lui ? N’était autre qu’un cyclope.
Ce que le fils de la Sagesse s’apprêtait à commettre, était le fruit de nombreuses années de voyage en compagnie de son mentor. Sa maîtrise de l’Art du Combat et de la Stratégie avaient atteint de nouveaux sommets, alors qu’il vint à mimer un pas en avant, de quoi miser sur la contre-attaque du géant qui, envoya son poing velu vers son corps. Comme prévu, Erik recula, avant de prendre appui sur les énormes phalanges bossues, et s’expulser en direction de son faciès. Ce qui s’apparentait à un superman punch en pleine tempe, était en réalité une droite en plein œil de la créature, qui s’écroula de douleur.
« TKO », déclara l’arbitre, un lotophage aux tatouages tribaux sur la longueur de son bras gauche jusqu’aux phalanges.


Des années de voyages et d’apprentissages. Des dizaines de milliers d’heures dédiées à l’entraînement et à l’assimilation de connaissances en tout genre. Le polymathe, digne fils d’Athena, retourna à la capitale Antique, au cours de la même année.
En réalité, il voulut prendre le premier avion vers les Etats-Unis d’Amérique, mais la lettre marquée par le sceau des Gareygon, l’empêcha de prendre cette initiative, à la demande d’Alexios.
Arrivés au sein d’une énorme demeure, le duo y pénétra. Sur sa droite, il aperçut un gigantesque terrain semblable à un champ de bataille où, de nombreux Demi-Dieux, ses frères, s’entraînaient à parfaire leurs talents. Il sourit faiblement, avant de relever la tête fièrement. Pour lui, le meilleur mentor restera toujours Alexios Eliadentro.
Il passa une journée entière à parler à ses frères et sœurs, leur narrant ses diverses aventures en compagnie d’Alexios. Mais visiblement, ils ne l’appréciaient pas tant que ça. De ce qu’il avait cru comprendre, Alexios avait défié l’autorité du Chef de famille par le passé.
Ce ne fut qu’au dîner, et sous la tension ressentie dans cette atmosphère pesante, qu’Alexios décida de briser le silence :
- « Ils deviennent plus forts.
- Oui. Ils poursuivent les bonnes méthodes d’apprentissage, celles des Gareygon, comme toi auparavant.
- Par le passé oui, mais vous refusez d’innover. Notre potentiel requiert de l’agitation et de l’aventure si l’on veut l’atteindre. Je ne vous remercierai jamais assez pour m’avoir cueilli de cet orphelinat à Athènes, mais je ne peux faire l’hypocrite avec vous.
- Et tu crois peut-être avoir fait du bon travail avec celui-ci ? Il balaya du regard la table rectangulaire jusqu’à Erichtonius, qui arqua le sourcil.
- Il sera le meilleur, des fils d’Athéna. Je compte en former d’autres, sous la bannière d’Eliadentro. Mes portes vous seront toujours ouvertes. »

Après le dîner, Erik eut de nombreuses questions qui fusaient dans sa tête. L’afflux de réflexions et d’hypothèses finirent par le fatiguer, soufflant un bon coup sur le chemin de l’aéroport. Il sentait le moment venu, après tant d’années d’observation dans l’ombre. Le voilà à présent impliqué dans l’Aventure du Camp des Sangs-Mêlés pour de bon.