Il était absolument impossible de s’endormir dans le puant bungalow d’Hermès, misérable et lamentable, nul autre mot saurait décrire le taudis dans lequel Dale ‘’Milo’’ Nolan logeait en attendant d’être revendiqué. Plusieurs demi-dieux étaient également là en train de lamentablement moisir, oui, c’était un fait. Tous n’avaient pas la chance d’être reconnu par leurs parents divins et c’était le cas de Dale, là depuis une semaine. Il croupissait au fond du bungalow du dieu des voleurs. L’ennui arrivait, un ennui mortel qui doucement venait serrer une terrible étreinte autour de son cou. Impossible pour Dale de rester en place, après tout, c’était son ADN, c’était dans sa nature de demi-dieu de rester mobile, en mouvement, toujours en alerte.
Impossible pour lui de tenir plus longtemps, Dale décida de s’échapper quelques moments, rejoignant l’extérieur du bungalow afin de souffler un peu et aussi pour faire le point sur toute cette histoire de demi-dieu qu’il peinait à saisir totalement. Un bon bol d’air frais serait lénifiant pour son esprit malade, bien que tout sur cette foutue Terre serait bien mieux que les maudites odeurs du bungalow Hermès. Une fois dehors, Dale se laissa vagabonder, jusqu’à rencontrer son satyre protecteur, celui qui l’avait conduit jusqu’ici, il n’était pas spécialement proche, mais le demi-dieu avait l’esprit bourré de nombreuses questions dont il lui fallait trouver réponse.
Mais avant, il fut coupé court par son ‘’protecteur’’ qui prôna d’une voix sèche, meurtri, sévère les paroles suivantes ;
'' Dale, j’aimerais savoir ce que tu foutais là-bas.'' Une question qui instaura un semblant de malaise, avant que le concerné ne baisse légèrement la tête, fulminant déjà de répondre à son interlocuteur. Son visage se déforma d’un grand sourire, content, amusé et joyeux, il était radieux, incarnant toutes les émotions positives que pouvait ressentir Dale à ce moment là, puis il répondit :
‘’Parce que j’ai tué mon vieux et putain j’ai adoré ça.’’
Le protecteur leva un sourcil, partagé entre le dégoût et la curiosité, une curiosité morbide. Qu’était-ce l’enfant qu’il avait bien pu ramasser, cette mission dont il avait été chargé avait mené à bien après tout. Il ne cessait de détailler le demi-dieu du regard, il cherchait dans ses yeux une once de mensonge comme pour se rassurer qu’il avait fait le bon choix. Les dieux ne sont pas parfaits, mais les demi-dieux peuvent se montrer bien pires que les Hommes par moment, l’histoire le prouvait, la seconde guerre mondiale était un exemple parfait.
‘’Dale.. Tu peux répéter ?’’ Légèrement tétanisé, il leva la tête en direction de son protégé qui le dépassait de sa taille de colosse, Dale lui souriait, amusé, il se délectait de la stupéfaction qui couvrait le visage du satyre, s’avançant d’un air menaçant jusqu’à lui, soufflant dans ses oreilles courbées d’une voix bien précise.
‘’T’as bien entendu le bouc.’’ L’être mystique secoua négativement la tête, toujours troublé par les paroles de l’enfant qu’il venait de conduire au camp, tandis que le demi-dieu en question ne pouvait s’empêcher de pouffer de rire.
‘’T’as une de ces têtes mon gars, quoi ? Je te fais peur ? Je suis sûr que t’es en train de regretter hein ? Non, tranquille. Tu n’as rien à craindre de moi. Bon installe toi, je vais te raconter cette satanée histoire.’’ ____
Né un vingt-sept janvier, Dale Nolan voit le jour dans un milieu totalement détestable. Sa mère disparaît peu de temps après sa naissance, le laissant entre les mains d’un père incapable de s’en charger. Un homme particulièrement détestable, initialement là pour un coup d’un soir, le voilà avec un enfant à la charge. Terrible sort du destin qui fut le sien, bien trop irresponsable pour délaisser la tâche et trop lâche pour l’abandonner, Léon Nolan se mis en tête le bien trop ambitieux plan d’élever cet enfant correctement.
Une chose perdue d’avance, Léon abandonna dès les quatre ans de Dale. Il essaya d’éduquer l’enfant comme il pu, vainement,parallèlement à cela il fut frappé par la dépression et trouva réconfort non pas dans le sourire de son fils, mais dans l’alcool. Bien jeune, Dale fut contraint d’apprendre à se développer et surtout subir les premiers écarts de son vieux père. Léon, brutal, violent, sévère, n’hésitait pas à frapper Dale pour lui faire comprendre, comprendre quoi ? Seul les Dieux ont cette réponse.
Des violences qui devinrent gratuites au fil du temps et qu’inévitablement le cerveau reptilien de Dale s’appropria. La violence était banalisée, normale et participait maintenant au développement de cet enfant ; provoquant l’éveil de nombreux troubles qui auront des fortes incidences sur sa vie adulte. Dale continuait de progresser dans ce cadre malsain qui devient normal à ses yeux. La violence, la sauvagerie dont son père pouvait faire preuve sur lui, Dale l’assimilait et allait la redistribuer bien plus intensément à l’extérieur de sa maison.
Ses professeurs alerta Léon de la situation, mais le père de famille ne voulait rien savoir. Pour lui, il accomplissait son devoir, perdu dans sa propre folie malsaine. C’était ainsi qu’on élevait un enfant à ses yeux, avec ses poings.
Habitué et maître désormais de cette violence, Dale l’exerçait à l’extérieur, sur ses amis, ses camarades, ses professeurs, toujours plus, toujours plus loin, s’attirant des problèmes et une fois que son père fut averti, cela recommençait, un cycle vicieux dont il était désormais impossible de s’extraire. Du moins, jusqu’aux seize ans de Dale. L’adolescence le frappait, la puberté faisait effet, transformé d’un chétif petit garçon à un colosse capable de terrasser son bourreau.
Lors d’un échange un peu trop brutal, le premier trouble de Dale fit son apparition, la violence grimpait et sa colère éclatait.
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‘’Donc, tu l’as tué ?’’
‘’Ouais, je l’ai massacré et c’était bon.’’ Dale rapprocha ses deux grandes mains de la gorge du satyre, l’étranglant d’un seul coup.
‘’Je l’ai attrapé comme ça et j’ai serré son cou bien fort, je pouvais sentir la peur dans son regard, un peu comme dans le tien. La totalité de son corps s’est ensuite mis à tremblé, il savait que j’étais bien plus fort que lui désormais, que j’étais plus grand, plus lourd et que je n’allais plus me laisser faire.’’
‘’Dale tu m’étrangles..’’ Toussota le bouc, perdant peu à peu son souffle.
‘
’J’ai ensuite serré de plus en plus en plus, prenant soin d’admirer toute la peur qu’il avait dans son regard, toute la peur qu’il avait pu me faire ressentir. J’ai continué de serrer jusqu’à ce que ce fils de pute ne se débatte, il se tortillait comme un ver, lui qui toutes ces années m’avaient l’air fort, il était si vulnérable.’’
‘’Dale..’’ Le demi-dieu continuait, ses deux mains étaient presque en train de broyer la pauvre cou de la bête, le soulevant du sol, ses sabots frottaient vainement l’air tantôt ils partaient vers Dale qui, dans sa crise, ignorait la plupart des coups.
'’Je l’ai ensuite écrasé contre le sol et là.. J’ai continué de serrer, jusqu’à ce qu’il ne soit trop faible pour réagir, ensuite.. J’ai frappé son crane, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne se brise sous mes phalanges. il pissait le sang, c’était affreux, mais au fond, j’aimais ça. Pas toute cette violence, non, je suis pas un cinglé, je veux dire, j’ai aimé cette sensation de vengeance, d’enfin pouvoir me défendre, de ne plus être vulnérable et lorsque j’ai senti qu’il avait cessé de se débattre, puis respiré, j’ai compris que je ne serai plus jamais vulnérable.’’ Ponctuant sa phrase en relâchant enfin le coup du pauvre satyre, qui paniqué s’éloigna de Dale en toussotant, l’air affluant de nouveau dans ses poumons.
‘’Bon sang t’es vraiment un malade Dale, tu le sais ?’’ ‘’Ouais, je le sais.’’La suite Dale s’en souvient, il avait passé des heures à pulvériser le crane de son enfoiré de père contre le sol jusqu’à ce qu’une voisine n’appelle la police, alertée par le bruit. Lorsque les policiers entrèrent dans la maison, ils découvrirent une scène bien morbide, Léon Nolan avait été égorgé puis planté à des nombreuses reprises, sa boite crânienne était pulvérisée et son visage ne ressemblait plus à rien, le sol quant à lui était jonché de rouge et de plusieurs morceaux de cervelle broyés qui s’éparpillaient comme la toile hasardeuse d’un artiste perdu.
Ils ont embarqués Dale immédiatement, sans se poser de question, il était encore couvert du sang de son père, délirant à propos du pardon et de de sa libération. Alors que la voiture filait à toute allure direction le commissariat, c’est là que son ‘’protecteur’’ fit son apparition et pu le sortir d’une mauvaise passe, pour le meilleur comme pour le pire.
Le pire, c’’est le cas de le dire. Dale ‘’Milo’’ Nolan, durant les mois qui suivirent son entrée au camp fut dans un premier temps reconnu comme un bon guerrier, puis hait de tous.
Nombreux étaient ceux à croire qu’il était le fils d’Arès, après tout il avait battu plusieurs demi-dieux presque à mort lors d’un simple jeu d’équipe, faisant du bungalow Aphrodite le bungalow victorieux pendant une semaine à la grande surprise de tous. Dale ‘’Milo’’ Nolan, le croque-mitaine pour les malheureux qui voulaient jouer avec les sentiment des filles d'Aphrodite.