Joyce McKenzie ➛ L'Amée des fauves. ❞

La réalité se plaît à exister mais mon rêve risque de s'éterniser, jusqu'à périr dans l'adversité. ❞

⋆ la lueur de la lune passa à travers l'épais feuillage qui semblait dissimuler une chétive silhouette s'aventurant dans le mutisme de la nuit, jeune sentinelle esseulé voué à préserver la sylve du cataclysme effronté. surprenant de délicates traces fraîches sur la terre bénie par le pétrichor, il longea la cavée sinueuse avant de déceler sous un chêne, une âme primitive fredonnant une douce mélopée, agenouillée auprès d'une créature ankylosée. pleine d'affliction, elle voulut annihiler son martyre mais il surgit, se tenant face à l'intimidante chasseresse. l'adolescent s'est épris de celle qui s'était sauvée, charmé par son regard iridescent et sa chevelure mordorée, il l'attendait chaque printemps avec l'espoir de la retrouver. ainsi s'unirent après maintes contradictions, jacob et kristen, dans une affection inoffensive qui devint secrètement profane, épiés sous l'œil d'éros. une enfant damnée naquit de cet union illégitime et la souveraine des forêts, brisée et dépitée par la trahison de l'une de ses meilleures amies, châtia odieusement les deux impies. mais la mère se rendit prématurément en sacrifice, sauvant l'existence du mortel mais léguant la punition divine à sa progéniture qui la condamnait à une soumission éternelle puisqu'à ses seize ans, celle-ci s'en irait pour servir artémis en devenant l'une de ses chasseresses à son tour. sous l'illusion de l'ordinaire, la nature sauvage avait élevé la jeune fille dans la souffrance et l'aliénation afin de l'écarter du crime, telle une malédiction, la laissant subsister dans la forêt canadienne de mauricie, retirée de l'urbanisation, en compagnie de son père assujetti sous la commination de la déesse. bien qu'elle n'ait pas connu sa mère, joyce gardait une bonne image d'elle à la manière dont son père louait celle-ci, ne lui révélant jamais l'origine de ses maux. la môme grandit avec cet instinct singulier, celui de la survie, se sentant constamment menacée et surveillée par son environnement comme si l'épée de damoclès planait au dessus de sa tête, au point d'y développer une ochlophobie qui se manifesta dès le début de sa scolarité. la foule exerce une oppression physique sur joyce comme si elle pouvait l'étouffer, l'écraser ou l'anéantir, le poids colossal des regards étant en plus une source d'angoisse pour celle-ci qui préfère les grands espaces, naturellement la sylve la fait se sentir paisible et en sécurité. son père, garde-forestier, lui partageait son savoir sur la faune et la flore et lui apprenait la fauconnerie, il était l'unique famille qui lui portait de la tendresse et de l'attention malgré le manque maternel. comme convenu à son seizième anniversaire, artémis vient la retrouver pour lui faire passer l'épreuve fatale, seule face à elle-même pendant de longs jours avec un ours enragé dans la forêt. jugée digne par son courage et sa docilité, joyce prêta serment à la déesse pour se dévouer dans la chasse, n'ayant plus rien à perdre si ce n'était sauver l'unique personne qu'elle avait dans sa vie. elle acceptait le sort qui lui était réservé, son destin qu'elle ne pouvait changer, portant le fardeau dont kristen s'était échappé dans la mort contre l'éternité.